Une flamme d’espoir : résumé des épisodes précédents

Cela fait maintenant plus d’une dizaine d’années que mon coeur se tourne vers l’Inde pour -en plus d’y chercher de l’inspiration- essayer de soulager la misère dans laquelle est plongée une grande partie de la population. Les premières fois, timidement, en donnant un peu d’argent, inquiet de la façon dont il peut être utilisé (j’ai déjà cité les diverses craintes légitimes qu’on peut avoir quand on donne à des ONG ou des associations dont on ne fait pas partie, pour des projets dans lesquels on ne met pas les pieds sur le terrain). Rapidement je me suis engagé comme bénévole dans l’association Embrassing The World, mais au début je ne faisais pas encore de volontariat sur le terrain en Inde. Même en voyageant régulièrement en Inde du Sud, je ne trouvais d’abord pas de manière concrète pour faire quelque chose qui se démarque et je continuais de donner à ETW (qui est selon les nations unies une des mieux placées pour apporter une aide de terrain très efficace, notamment pour les urgences, catastrophes naturelles etc, ce qui fait que je continue de faire des dons à cette association même maintenant). Puis en 2014 j’ai réussi à trouver mon premier contact (Isaac, un pharmacien issu lui-même d’un village miséreux mais qui a réussi à en sortir et qui n’a pas oublié toutes les difficultés de son enfance et a donc pour priorité d’aider les enfants de ces villages à accéder à une meilleure éducation, santé etc. Il est aussi inspiré pour cela par le travail de la Sainte Indienne remarquable qu’est Mère Térésa (Sainte Teresa de Calcutta).

Isaac, Jagannath et des enfants réunis pour recevoir un goûter et du matériel scolaire. On perçoit à l’horizon la silhouette de la montagne sacrée d’Arunachala qui nous observe avec bienveillance.

Depuis je me rends chaque année dans les villages où il distribue des soins gratuits, ou il aide les enfants dans leur scolarité etc. Chaque fois nous finançons du matériel scolaire, des goûters pour les enfants. Il serait injuste ici de laisser croire que nous ne faisons que donner. Les populations les plus pauvres de l’Inde du Sud ont tellement de joie, d’amour et d’innocence à partager que les quelques dizaines d’euros que nous dépensons à chaque fois nous semblent dérisoires par rapport à tout ce que nous recevons, de sourires, d’amour et de joie partagée. De notre côté, on ressent qu’il y a quelque chose de plus important que les cahiers ou les crayons de couleur que nous apportons, et cela a aussi à voir avec l’amour, l’attention. Les autorités comme les classes supérieures locales font bien peu cas de ces enfants et de leur misère. Mais voir des occidentaux leur prêter attention, nous sentons bien que pour ces enfants c’est un don précieux, oublier l’exclusion et se sentir aimés, voir simplement une main tendue même si elle ne contient que quelques biscuits et stylos, voilà ce qui leur est le plus précieux et qui explique sans doute tout l’amour que nous recevons en retour.

Malgré tout ce n’est pas une chose facile. La pauvreté des uns fait le bonheur des autres qui ont là des esclaves à disposition, des gens sans éducation faciles à manipuler auxquels on ne laisse que peu de chance d’accéder à une vie libre indépendante. Il est de ces personnes à qui l’éducation fait de l’ombre et qui nous ont à l’occasion empêché de continuer malgré le soutien inconditionnel de la population. Dans un tel contexte, il faut parfois se contenter de ce qu’on nous « permet » de faire. Nous n’avions donc pas d’ambition particulière à part de continuer d’apporter de l’amour et un peu de matériel symbolique.

En 2015 j’étais particulièrement intéressé par le sujet de l’agriculture. J’étais alors bénévole dans une ferme pilote d’Embrassing The World. Je ne vais pas m’étendre longuement sur ce sujet pourtant d’une importance capitale : dans le monde entier les gens qui nous nourrissent (les agriculteurs) font face sur toute la planète à la plus grande des injustices. Leur travail n’est pas gratifié de la considération qu’il mérite, de grandes mafias réunissant les banques et les industries agroalimentaires les enferme dans un système qui leur vole leurs terres, leurs vies et les laissent partout dans le monde en proie à la misère, au désespoir, souvent poussés au suicide ou contraints d’abandonner ce travail remarquable qui est souvent toute leur vie. Et l’urgence si elle est mondiale, est sans doute à son comble en Inde, en particulier dans le Tamil Nadu où le changement climatique a déréglé la saison des pluies et ne laisse sur son passage que sécheresse. Cette année 2015, avec Odin et Monique, nous avions visité des villages agricoles et avons fait pour eux une étude -en collaboration avec Fernand, un éminent ingénieur agronome, spécialiste dans les pays tropicaux- pour cerner leurs méthodes et voir de quelle façon les aider au mieux.

Visite des champs agricoles en 2015

Il est ressorti de notre étude que les techniques de nos agriculteurs étaient bonnes et déjà bien optimisées (donc pas possible de leur apporter une aide par les savants calculs de notre ingénieur) mais que ces agriculteurs sont piégés dans un « système » qui rend très difficile pour eux toute évolution hors des balises qui leurs sont imposées. L’ingénieur nous a fait comprendre que si ces gens veulent retrouver la rémunération et la considération qu’ils méritent, il leur faudrait sortir massivement de ce « piège » (le village entier si possible) et changer radicalement d’agriculture pour s’orienter vers du bio durable et un soin des sols naturel, grosso-modo selon les mêmes techniques que celles de la ferme pilote où j’étais volontaire. Nous continuons de garder le contact avec ces agriculteurs pour les aider à obtenir les bons contacts s’ils décident de se lancer dans une telle transition (la décision pour eux est délicate, c’est travailler plus pour gagner plus mais il y a un gros effort d’adaptation à effectuer).

Nous étions partis cette année pour continuer notre travail habituel sans grand projet particulier, lorsque nous avons trouvé un de nos villages dans une bien triste situation. De là sont nés de nouveaux projets, mais ce sera l’objet du prochain billet.

Une flamme d’espoir.